Le Département de l’Hérault a acquis dans le cadre de sa politique des Espaces Naturels Sensibles (ENS) une partie de la falaise de l’Orthus, située principalement sur la commune de Valflaunès (34). La propriété est localisée au sein de nombreux périmètres d’inventaires et de protection.
Le Document d’objectif (Docob) du Pic Saint Loup et le plan de gestion des ENS réalisé en 2012 par le bureau d’études Biotope, ont défini comme enjeu prioritaire la fermeture physique de la grotte de l’Orthus pour la protection des Chiroptères. En effet, l’une des menaces majeures est la sur-fréquentation de ce site et plus particulièrement de la cavité par le grand public.
Quinze visites ont été réalisées entre 2014 et 2015 afin de suivre et d’inventorier les populations de chauves-souris présentes. Les dernières investigations remontaient aux années 90 et 2000. Au total, 17 espèces ont été identifiées sur le site, parmi lesquelles six inscrites à l’annexe II de la Directive Habitat.
Les données récentes confirment l’utilisation de la grotte de l’Orthus comme site de transit printanier et surtout automnal pour un groupe de 100 à 200 Minioptères de Schreibers. Les effectifs ont décliné fin des années 90/ début des années 2000. Au début des années 90, les essaims pouvaient atteindre 700 à 1000 individus. A l’inverse, le Rhinolophe euryale et le Grand Rhinolophe utilisent la grotte surtout en transit printanier, mais également en transit automnal. Aucune espèce d’intérêt communautaire n’utilise actuellement la grotte pour la mise-bas et l’élevage des jeunes.
En hiver, la grotte de l’Orthus est occupée par seulement une dizaine d’individus de Grands et de Petits Rhinolophes. Les observations de Petits Murins et de Murins de Capaccini y sont anecdotiques.
Deux réunions de concertations ont été réalisées pour valider les propositions de fermeture de cette cavité par les élu(e)es et les usagers (spéléologues et grimpeurs). Des autorisations et une dérogation ont été demandées à la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) pour initier le chantier après le dépôt de déclaration de travaux en mairie. Le projet a également reçu l’avis favorable de la Commission Départementale de la Nature des Paysages et des Sites (CDNPS).
Deux grilles en « canne de Provence » ont alors été placées en 2014 pour étudier la réaction des différentes espèces et s’assurer que les grilles définitives ne perturberont pas les Minioptères de Schreibers. La plupart des taxons utilisaient la même entrée et ne semblaient pas ou peu perturbés.
Après ces expérimentations, la fermeture des deux entrées dans cette configuration a été décidée pour l’année 2015. Pour ce faire, le Département de l’Hérault a bénéficié d’une subvention d’un montant de 29728 euros sur les crédits de l’Etat pour un coût total de 44600 euros TTC.
Les actions financées sont la fermeture physique des deux points d’entrée de la cavité, la pose d’un éco-compteur à l’entrée principale et de trois panneaux de sensibilisation sur les enjeux chauves-souris. L’opération a été réalisée par l’intermédiaire d’un marché d’insertion.
Le chantier s’est déroulé sur 3 semaines au mois d’avril 2015 avec les étapes suivantes :
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Mise en sécurité du chantier (pose de filet de sécurité sur la fosse de l’entrée 2, pose de main courante, …) ;
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Transports des éléments métalliques et des matériels utilisés pour le montage sur des chemins escarpés et difficiles d’accès. Les grilles sont acheminées en « petits » morceaux à dos d’ânes ;
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Mise en place de la structure porteuse par forage sur l’entrée 2 et par un système « bâti » sur l’entrée 1 afin de palier à un problème de sécurité pour le personnel. Un bloc rocheux est en effet en équilibre au-dessus de l’entrée principale de la cavité et aurait pu s’effondrer à cause des vibrations ;
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Montage de la grille métal de 60mm sur ossature vissée sur place ; Enlèvements des déchets et matériels ;
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Démontage des sécurités ;
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Pose de l’éco-compteur à l’intérieur de la cavité.
D’autres actions, non financées dans le cadre du contrat Natura 2000 ont été également mises en place, telles que la matérialisation du chemin d’accès à la corniche, pour faire respecter l’APPB et la pose d’une barrière sur la piste DFCI, en contrebas, pour interdire la circulation motorisée (à l’exception des ayants droits).
Suite au Comité de pilotage de l’Orthus, une ouverture pour la pratique de la spéléologie a été autorisée sous certaines conditions :
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Accès réservé aux clubs signataires de la charte « Natura 2000 Spéléologie » ;
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Respect d’un calendrier : du 15 février au 1 mars et du 15 novembre au 1 décembre ;
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Un inventaire sera assuré avant toute ouverture de la cavité pour vérifier qu’il n’y a pas de chauves-souris. Si un nombre d’individus important est présent, la cavité restera fermée ;
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La clé (non reproductible) sera conservée par la communauté de commune et sera remise contre une pièce d’identité ;
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Un dépliant sera remis aux usagers pour expliquer les enjeux naturalistes du site.
Des inventaires vont continuer dans les années à venir pour évaluer l’évolution des populations de chiroptères sur cette cavité. D’expérience, la fermeture de la grotte de la Vezelle nous a montré qu’il faut attendre une dizaine d’années pour que les chauves-souris reprennent leurs habitudes après sécurisation d’un site (reproduction et hibernation).