De nombreuses études scientifiques montrent que les chiroptères sont d’excellents bio-indicateurs et rendent de grands services écosystémiques en consommant notamment des insectes ravageurs. Le Conseil Départemental de l’Hérault (CD34) ayant pris conscience de cet enjeu a choisi de valoriser la chauve-souris pour la lutte biologique contre les moustiques sur le littoral mais aussi comme auxiliaire des cultures (problématique du Ver de la grappe, Lobesia botrana, dans les vignes). En effet, le secteur viticole et la culture des vergers occupent une place importante dans le bassin Héraultais.
C’est dans cette démarche que le projet « Un abri pour les chauves-souris » est né. Cette opération débutée en 2012 auprès des propriétaires particuliers héraultais, s’est recentrée sur les agriculteurs (et en particulier les viticulteurs) à partir de 2014. Il consiste à distribuer aux agriculteurs, aux particuliers et entreprises, des nichoirs à chauves-souris. Depuis 2012, 600 abris à chauves-souris ont été distribués par le CD34. Un premier suivi de l’occupation des abris a été effectué en 2016, puis en 2018 par le GCLR. Notre association sollicite une fois par an les personnes disposant d’abris pour récolter des informations concernant l’occupation des abris (enquête par téléphone ou par sondage en ligne).
En parallèle de ce suivi, pour aller plus loin dans les conseils de pose des abris, une étude sur les facteurs influant l’occupation des nichoirs a été menée dans le cadre des stages respectifs de Margot JODET (Master 1 d’Écologie et Biologie des Populations) et de Justin ARNAUD (BTS Gestion et Protection de la Nature).
Dans ce cadre, les propriétaires des abris ont été rencontrés sur le terrain afin de pouvoir géolocaliser les abris, vérifier leur occupation et relever des facteurs environnementaux.
Des données telles que la date de pose, le support de pose, la situation, l’orientation, l’ombrage, l’exposition au vent, la hauteur, l’inclinaison de l’abri ont été relevés. Par la suite, ces paramètres ont été analysés afin de vérifier s’ils impactaient significativement l’occupation des abris. Cette connaissance devait permettre d’améliorer les conseils pour la pose des prochains nichoirs.
Ainsi, 202 abris ont été inspectés dans le cadre de cette étude. La présence des chiroptères a été avérée pour 33,7% d’entre eux et majoritairement dans ceux posés depuis plus de 3 ans, exposés à l’Ouest, au soleil et au vent, à plus de 2,5 mètres de hauteur, entre 40 à 100 mètres d’un bâtiment et dans un habitat forestier. Le support de pose, la distance à l’eau et l’inclinaison ne semblent pas avoir d’influence sur l’occupation. Lorsque le support est un arbre, les abris posés dans les ripisylves et les haies semblent être les plus occupés.
Cependant, il y a plusieurs limites à cette analyse : les variables n’ont pas été corrélées entre elles et trop peu d’abris ont été contrôlés. Il est nécessaire de continuer cette étude sur le long terme, en augmentant l’échantillonnage, car les résultats sont encourageants. A l’avenir, les résultats seront utiles pour adapter les préconisations d’installation des abris à chauve-souris en contexte méditerranéen.
Justin ARNAUD et Margot JODET